Interviews & Testimonies (in French)
Cette section du site présente des témoignages ou des entrevues d'auteurs qui réfléchissent sur des textes publiés dans la RITPU. Parfois, ces textes ont été publiés il y a plusieurs années et l l'auteur discute de la pertinence actuelle des propos qu'il avait alors tenus. Ces témoignages ou entrevues sont également accompagnés d'un bref texte d'une page. Bonne écoute, bonne lecture.Jacques Beziat
Ces quelques lignes m’ont été commandées par l’équipe de la revue RITPU il y a environ un an pour accompagner la fréquentation de l’article « Former aux TICE : entre compétences techniques et modèles pédagogiques » publié en 2012 dans le numéro 9 de la revue. Je ne les ai pas écrites tout de suite, pour au moins deux raisons. Sur le fond de l’article, je ne voyais pas ce qui avait changé entretemps, et je dirigeais la recherche ANR DALIE (didactique et apprentissage de l’informatique à l’école) qui en était à sa phase de collecte des données sur le terrain, et sans aucun recul sur les résultats que nous allions produire. Ce programme de recherche s’est donné pour objectif d’analyser comment des enseignants d’école primaire pouvaient enseigner et faire apprendre des éléments liés au domaine informatique sans y avoir été formé, ou peu. Par quels détours pédagogiques, pouvaient-ils compenser leur méconnaissance du domaine. Dit autrement, parmi les objectifs de cette recherche, nous observons la faisabilité de l’intégration de l’enseignement d’éléments informatiques dans les curriculums du premier degré scolaire, dans des classes lambda avec des enseignants « normaux » dans le contexte institutionnel actuel, c’est-à- dire n’ayant pas de compétences informatiques particulières, et donc, mettant en œuvre des situations pédagogiques à partir de leurs compétences effectives d’usagers des technologies informatisées et des représentations partielles, flottantes, voire inexistantes, qu’ils ont de l’informatique.
Georges-Louis Baron
Il n’est pas inutile, en ces temps d’évolution rapide des technologies dans la société, au temps de l’omniprésence de l’internet et des différents services qu’il offre, d’analyser dans une perspective historique la question des usages éducatifs de ces technologies. Par-delà les changements rapides, des questions subsistent. Les lignes qui suivent sont particulièrement fondées sur le cas français, mais la situation a évolué de manière relativement similaire dans les pays industrialisés. Je me concentrerai sur les cinquante dernières années environ, mais des racines plus profondes sont aisément discernables, en particulier autour de l’œuvre de pédagogues comme Dewey ou Freinet.
Bernard Charlin
La capacité de raisonner et décider en contexte d'incertitude est une caractéristique de la pratique dans des professionnels. Préparer et former à la gestion de l'incertitude représente un enjeu pour les institutions d'enseignement. Le concept de concordance avec des avis d'experts, à propos de tâches cognitives complexes, s'avère très utile aussi bien en matière de formation (formations basées sur la concordance) que d'évaluation (test de concordance de script)..
Daniel Peraya
En 2005, avec Jacques Viens nous avons publié dans la revue un article qui présentait et explicitait deux modèles, le modèle IntersTICES (INTÉgration par la Recherche et le Soutien des Technologies de l’Information et de la Communication dans l’Enseignement Supérieur) et le modèle ASPI (Analyser, Soutenir et Piloter l’Innovation). Le premier propose un outil réflexif pour tenter d’identifier la valeur ajoutée des TICE lors de la conception et de l’évaluation d’un environnement d’apprentissage..
Marcel Lebrun
La formation des enseignants aux TIC : allier pédagogie et innovation ... 12 ans après
Marcel Lebrun, Louvain Learning Lab, Université catholique de Louvain (Belgique)
Notre article “La formation des enseignants aux TIC : allier pédagogie et innovation” date déjà de 12 ans. Il faisait alors l’hypothèse que la formation des enseignants (pédagogique et technologique) devait reposer sur un modèle d’apprentissage comparable, dans ses fondements et dans sa vision, à ce qui est porté par la citation de Brown et Atkins “donner aux étudiants (aux enseignants) des occasions d’apprendre”. Or l’apprentissage lui-même et l’environnement d’apprentissage ont bien changé et se sont quelque part généralisés (une intelligence collective à la fois objectivée et virtualisée) en percolant les différents secteurs de la société :
- les ressources matérielles et humaines se sont externalisées exponentiellement en questionnant et en revivifiant potentiellement le statut de la transmission des savoirs et de la présence (les classes inversées en sont un bon exemple)
- le déterminisme classique qui tente à relier les causes et les effets (par exemple, les recettes du “comment bien enseigner”) s’estompe pour laisser la place à une véritable socioconstruction localisée, contextualisée, systémique et en permanente transformation nécessitant un travail de mutualisation en réseau … ceci devrait avoir des conséquences fortes sur la manière de considérer les recherches en sciences de l’éducation
- l’apprentissage “toute la vie durant” devient une réalité quotidienne et transformera chacun de nous et de plus en plus en enseignants curateurs de ressources et interconnecteurs de savoirs
- en nous libérant des contraintes des espaces-temps, les technologies nous invitent à les reconsidérer dans les structures de l’enseigner et de l’apprendre : la “forme scolaire”, l’espace de la classe devenant davantage LearningLab, les horaires plus fluides et plus favorables aux approches problèmes, projets, collaboratives entre élèves-étudiants en autonomie ou en interaction avec l’enseignant
- les savoirs externalisés en deviennent périphériques laissant la place centrale au développement des compétences qui à leur tour se libèrent des référentiels disciplinaires pour en acquérir un statut de transversalité propice à l’appropriation et à la contextualisation des savoirs … les savoirs sur les compétences en deviennent primordiaux
- l’évaluation et la valorisation en deviennent moins certificatives que formatives (ou collectives par les pairs) pour maintenir et renforcer l’élan de cet apprentissage à la fois individuel et collectif. La valorisation de la fonction enseignante se fera par la reconnaissance des pairs.
En conclusion, on pourrait dire que former les enseignants, c’est leur donner les moyens et les environnements nécessaires pour continuer à se former par eux-mêmes et en interaction avec les autres enseignants et les acteurs de la Société en mutation forte.